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Des guerriers anorexiques

La perte de poids drastique est souvent assimilé à la Top-Modèle, à l’adolescent(e) insécure, à l’arrivée de l’été, mais rarement au boxeur ou au combattant en arts martiaux mixte. Pourtant plusieurs de ces derniers se torturent et se livrent à une pratique draconienne afin de perdre du poids avant d’affronter leur Némésis dans le ring.

Au Québec, le Règlement sur les sports de combat établit qu’un combat ne peut avoir lieu lorsque la différence de poids entre les concurrents, lors de la pesée officielle, est supérieure à la différence de poids permise. En moyenne, la différence de poids ne doit pas être de ± 4 kilogrammes. Évidemment, les athlètes essaient de perdre le plus de poids possible afin de se situer juste en dessous du seuil permis dans une catégorie, souvent 10 kilogrammes inférieurs de leur poids naturel, et ce, afin d’être physiquement le plus imposant possible.

Évidemment, il faut prendre en considération que les athlètes professionnels n’ont pas beaucoup de gras à perdre. Par conséquent, ils se soumettent à des pratiques draconiennes dans le but de faire disparaître l’excédent invisible (l’eau). Plusieurs techniques  de déshydratation sont utilisées, en autres, des séjours dans des saunas et bains vapeurs, des sessions de cardio vêtu de tracksuit en polyester, utilisation de laxatif, nettoyage du côlon et en ce qui nous concerne en l’espèce, l’utilisation de diurétique.

Les diurétiques (alias « pilules de l’eau ») incitent le corps à uriner frénétiquement ce qui entraîne l’élimination de l’eau et le sel dans le corps. Les diurétiques causent une multitude d’effets secondaires au-delà de la déshydratation, notamment: étourdissements, arythmie, des maux de tête, vision brouillée, des crampes musculaires et la liste s’allonge encore et encore.

L’Agence Mondiale Antidopage (l’ « AMA ») identifie les diurétiques sous la rubrique substances et méthodes interdites en permanence. D’ailleurs dans un article publié par le Dr. Michel Leglisle, président de la Commission médicale et anti-dopage, l’emploi de diurétique est décrit comme étant « malheureusement l’utilisation la plus courante qui vise à perdre du poids en éliminant l’eau, principalement au niveau  des cuisses et des fesses. (…) Elle est non seulement interdite par les règles antidopage FIG/AMA mais peut entraîner de lourdes sanctions, engendrer des troubles nuisant gravement à la santé ou interférer sur la qualité de la pratique sportive. »

Parfois, les athlètes eux-mêmes se créent des ennuis lorsqu’ils prennent des médicaments dont ils considèrent parfaitement inoffensifs mais qui sont en réalité sur la liste des substances interdites. À titre d’exemple, le médicament pour la perte de poids Réductil a souvent attiré des ennuis pour des athlètes professionnels qui l’auraient innocemment consommé. Darius Miles en est un exemple. Ce joueur de la NBA, plus précisément des Celtics, s’était vu imposer une suspension de 10 matchs car il avait candidement utilisé « un médicament pour perdre du poids ».

Plus récemment, le combattant Thiago Alves, membre de la l’UFC, a été réprimandé par la Commission Athlétique du Nevada parce que des traces de diurétique avaient été retrouvé dans son système.

Bref, l’image du guerrier qui monte les marches du ring ou qui traverse la porte de l’octogone est souvent source d’inspiration et d’excitation. Toutefois, derrière cette façade de muscle et d’agressivité se trouve souvent un athlète déshydraté, épuisé et dont le combat a débuté il y a de cela quelques semaines alors qu’il a mis le pied sur la balance un matin pour voir s’il était trop « gros » !

Cet article a été écrit avec l’étroite collaboration d’Amir Tajkarimy, étudiant en droit chez Heenan Blaikie

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