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Promesse d’ivrogne et régimes de retraite

Qu’est-ce que les promesses d’ivrogne et les promesses faites dans les régimes de retraite à prestations déterminées ont en commun? Elles ne valent pas le papier sur lequel elles sont écrites, malgré que les premières soient surtout verbales, mais enfin…

Les déficits actuariels colossaux des régimes de retraite à prestations déterminées sont à l’origine de beaucoup de dossiers d’insolvabilité majeurs et constituent un casse-tête insoluble pour les gouvernements et les entreprises.

Lors que les régimes ont été créés, l’industrie manufacturière et l’industrie des services étaient en progression fulgurante. Le nombre d’employés et les cotisations augmentaient systématiquement d’année en année et  les rendements sur les placements étaient élevés. Les meilleurs spécialistes utilisant les meilleurs outils prévisionnels disponibles pouvaient raisonnablement anticiper les sommes requises pour honorer le paiement des prestations promises. Et ils ont longtemps eu raison. Mais la réalité économique postérieure à la débâcle bancaire de 2008 a amené des rendements médiocres sur les investissements. Qui aurait prédit que la Banque du Canada prêterait de l’argent à 1% pendant plusieurs années? En même temps, la croissance a ralenti, l’emploi a diminué, l’espérance de vie s’est allongée. La «tempête parfaite» s’est produite et une révision actuarielle des régimes résulte en un déficit énorme, avec des paiements d’équilibre à l’avenant qui tétanisent les entreprises.

Pourtant, les entreprises, les syndicats et les administrateurs des régimes étaient de bonne foi lorsqu’ils ont conclu les promesses de prestations. Mais l’argent n’est plus disponible et ne le sera pas dans le futur. On réalise maintenant que c’étaient des promesses d’ivrogne.

Pour assurer la survie des entreprises, il faut donc remettre le compteur à zéro, avec des conséquences dramatiques pour les retraités. Il faut faire un choix entre les retraités, à qui on avait promis ce qu’on a pas ou qu’on a plus (et qu’on a en fait jamais eu) et tous les autres intéressés dans l’entreprise: actionnaires, employés actuels, créanciers, prêteurs, fournisseurs etc. Il est impossible de convaincre un investisseur d’avancer des fonds à une entreprise insolvable sur papier en raison de ses obligations de retraite.

Un exemple de ce choix difficile semble être la solution à laquelle les employés syndiqués de WhiteBirch à l’usine Stadacona sont arrivés la semaine dernière. Après une réunion d’information à laquelle les retraités étaient conviés, mais sans pouvoir voter, les syndiqués ont ratifié une nouvelle convention collective qui met fin au régime de prestation déterminée. Les journaux (sont-ils imprimés sur du papier WhiteBirch?) rapportent que le syndicat local recommandait l’acceptation de l’offre à l’encontre de la recommandation du syndicat national. Le déficit actuariel sera traité dans l’arrangement. Une bonne dose de réalisme qui permet aux employés de gagner leur vie, au lieu de soutenir des promesses irréalisables. Cet exemple fera boule de neige, ou de papier.

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