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L’obsession d’être gros

Depuis le berceau (la faculté de droit), il semblerait que le faîte de la profession prenne la forme d’une pratique en grand cabinet. C’est pourquoi chaque année, plusieurs dizaines de jeunes juristes font ce choix (incluant votre humble serviteur il y a de ça quelque temps).

Or, il semblerait que le désir de continuer à évoluer dans un environnement de plus en plus imposant réside aussi dans nos cabinets, par la voix des associés qui les constitue. Je ne vous ressasserai pas les vieilles rumeurs de mariage qui ont couru à petite ou grande échelle, mais l’année 2012 nous a tout de même donné deux fusions d’envergure au Canada, soit Macleod Dixon avec Norton Rose et FMC avec Salans et SNR Denton. On parle ici de deux cabinets parmi les dix plus grands qui sont impliqués dans des fusions, ce qui n’est pas négligeable.

Les avantages d’une fusion sont multiples: ils permettent de développer des clients à l’échelle planétaire, de créer certaines synergies, de partager les meilleures pratiques et de rationaliser certains coûts.

Or, quelle est la taille maximale qu’une organisation peut atteindre avant de devenir inefficace? En effet, il semble que les entreprises qui planent au dessus de la mêlée atteignent toutes éventuellement un point où elle ne peuvent plus croître à la même vitesse, souvent dû au fait qu’elles s’assoient sur leurs lauriers. Plusieurs s’essoufflent tout simplement, mais d’autres s’effondrent carrément. Je suis loin de dire que ces fusions ne fonctionneront pas (dans ces cas-ci, je dirais même qu’il s’agit de choix judicieux), mais je crois que, comme une personne qui reçoit une promotion de trop arrête de gravir les échelons, les entreprises ou cabinets qui deviennent trop gros trop vite prennent le risque de frapper un mur.

Quelques exemples nous viennent en tête. On pense à l’ancienne vedette canadienne Research In Motion qui, malgré un emballement récent du marché, est tombée de son piédestal depuis quelques années. Mais c’est une cible trop facile.

Prenons plutôt Apple en exemple. L’entreprise californienne est championne incontestée de la capitalisation boursière depuis le mois d’août 2011. En effet, la valeur de l’équité de l’entreprise est montée jusqu’à 661,5 milliards à la fin de septembre 2012. Depuis ce temps, le bébé de Steve Jobs a perdu environ 120 milliards de capitalisation boursière, soit près de 20% de sa valeur, pour flirter avec 540 milliards au moment d’écrire ces lignes. Une baisse de 120 milliards en deux mois et des poussières, ce n’est quand même pas rien pour une entreprise qui semblait partie pour la gloire infinie. Soit, le NASDAQ a perdu 5,6% depuis le 21 septembre, mais la piètre performance d’Apple est bien en deçà du marché…

En fait, il existe un certain courant de pensée qui veut que la position de tête de la capitalisation boursière ne soit pas si enviable que ça. En effet, Microsoft occupait ce titre à la fin des années ’90 et a depuis perdu près de 60% de sa valeur. Espérons pour les investisseurs que la pomme ne suive pas cette trajectoire.

Regardons dans la cour d’un autre géant d’envergure planétaire: Hewlett Packard. Autrefois un des plus grands innovateurs, l’entreprise dirigée par Meg Whitman va de mal en pis. Non seulement l’entreprise lutte-elle pour sa survie, mais une acquisition récente, celle d’Autonomy, s’est avérée un désastre monumental. Sur un prix de 11,1 milliards en 2011, Hewlett Packard vient de rayer de ses livres un joli 8,8 milliards.

Remarquez que toutes ces entreprises proviennent du domaine technologique, un domaine qui performe relativement bien, avec une croissance d’environ 10% dans la dernière année (indice des TI du S&P 500). Considérant que l’industrie juridique n’est pas en si bon état, je souhaite sincèrement que nos fusions portent les fruits escomptés…

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